Culture et Loisirs

Publié le vendredi 16 juillet 2021

Entretien avec Adelice Saint-Aubin, jurée du prix du livre France Inter 2021.

 

A 18 ans vous êtes déjà très engagée, quel est votre parcours ?

Depuis huit mois, Je suis service civique à l’Union Française Des Centres de Vacances (UFCV) à Angers avec pour mission d’animer des ateliers numériques à l’attention d’un public senior. Auparavant j’étais au lycée à Angers et j’ai un fait un bac littéraire spécialité mathématiques. J’avais commencé des études à Sciences Po Lyon mais j’ai décidé d’arrêter car cela ne me plaisait pas.  Cette année, j’ai donc choisi de faire un service civique à Angers en attendant de reprendre des études de Lettres Modernes à Angers, l’année prochaine.

 

 Quelle relation entretenez-vous avec Loire-Authion ?

Je vis à Saint-Mathurin-sur-Loire et j’ai fait de la danse pendant quinze ans avec l’association « On y danse ». J’apprécie le paysage de Loier-Authion.  Quand je regarde plus particulièrement la Loire, ça invite au voyage, à la rêverie, un peu comme la littérature. Elle a cet aspect tranquille, serein. Quand je me balade dans Saint-Mathurin, j’ai l’impression d’être dans un roman. On pourrait en faire un décor. Ça me donne des envies d’écrire.  

 

Comment est venu votre goût de la lecture ? 

Lors de mes premières années d’apprentissage de la lecture, je n’aimais pas lire. Je n’y arrivais pas car j’avais du mal à me représenter des images mentales. Un jour, lorsque j’avais 8 ans, ma mère m’a demandée pourquoi je ne pouvais pas lire. Je lui ai dit que je n’avais pas de marque-page. Elle m’en a donné un et cela a été un déclencheur. J’ai pris un livre dans la bibliothèque et je ne me suis plus arrêtée depuis ce jour-là.  Je me suis mise à lire tout ce que je pouvais trouver. D’abord des romans jeunesse, puis vers neuf ans, je suis passée aux romans adolescents. A partir du collège, je me suis plongée dans des romans classiques. Quelques années plus tard, au lycée, j’ai commencé à lire des essais sur la littérature, des témoignages. J’adore l’autobiographie. J’ai aussi été marquée par plusieurs autobiographies : Mémoire d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, Du côté de chez Swann de Marcel Proust et Les mots de Jean Paul Sartre.

 

Pourquoi avoir eu envie de participer au Prix du Livre Inter ?  

J’écoute France Inter depuis très longtemps et je m’intéresse au Prix du Livre Inter depuis cinq ans. Tous les ans, je me disais que j’avais envie d’y participer. Mais je ne pouvais pas car j’étais mineure. J’ai donc attendu d’être majeure pour y postuler. Dès la première fois, cela a fonctionné. Je suis la plus jeune à avoir été sélectionnée. En général, les plus jeunes ont autour de trente ans. D’abord, j’ai  fait une lettre de candidature mais on m’a dit de ne pas trop compter dessus et que j’avais peu de chance d’être retenue. Trois jours avant que le verdict tombe, j’ai reçu un appel. La personne qui s’occupait de la sélection pour les Pays-de-la-Loire m’a prévenue que je devrais être retenue. Mais ce n’était pas encore officiel. L’attente m’a parue très longue avant que je ne reçoive la réponse définitive. Pendant une semaine, je n’ai pas trop dormi car j’étais trop excitée.  Quelques jours après, j’ai reçu les dix livres. Il a fallu que je lise soixante-douze pages en moyenne par jour sur un mois et demi. Tenir sur la durée a été difficile. Début juin, je me suis rendue à Paris et nous avons délibéré pendant quatre heures. La journaliste Eva Bettan s’occupait de l’organisation du vote et de la journée, sans toutefois intervenir dans les échanges pendant que le président du jury, Dany Laferrière, dirigeait les débats entre les jurés. Chacun pouvait prendre la parole à tour de rôle. Chaque participant a pu définir librement ses critères de jugement. Les échanges étaient très bienveillants. Au bout de la discussion, les vingt-quatre jurés, douze femmes et douze hommes, ont voté et le vainqueur a été élu. Ce qui m’a paru le plus intéressant, ce sont les différents échanges après le vote. Les jurés ont poursuivi des discussions jusque tard dans la nuit. Ces rencontres ont été très enrichissantes.  

 

Quel livre avez-vous préféré dans cette sélection ?  

Mon livre coup de cœur a été Thésée, sa vie nouvelle de Camille de Toledo. Il est arrivé deuxième. C’est un livre qui a fait beaucoup débat. Je pensais qu’il ferait plus polémique mais beaucoup de gens l’ont soutenu. J’ai trouvé l’écriture magnifique, très lyrique avec un parti pris stylistique. Je me suis retrouvée dans le personnage principal. Cela fait écho à mon histoire personnelle et j’ai eu l’impression d’avoir certaines réponses à des questions que je me posais.  Et mon deuxième choix a été Un jour ce sera vide de Hugo Lindenberg. C’est ce roman qui a eu le 1er prix.  C’est celui qui a fait consensus car il parlait à tout le monde. C’est un roman d’une grande sensibilité, d’une grande justesse, avec une très belle écriture. On a vraiment l’impression d’être dans la tête d’un enfant, avec des préoccupations déroutantes, étonnantes et en même temps des réflexions très poussées sur des questions existentielles. 

Est-ce que vous écrivez ? 

J’écris de temps en temps. Le fait de participer au Livre France Inter m’a donné énormément envie de me remettre à écrire. Je suis sur un projet actuellement. Ce n’est pas un roman mais une bande dessinée. Je dessine régulièrement depuis très longtemps. J’ai envoyé un dossier à plusieurs maisons d’édition pour présenter mon projet. Au bout de trois semaines, deux éditeurs m’ont répondu. L’un d’eux a finalement choisi de retenir mon projet. J’espère que ce livre pourra voir le jour dans quelques mois. Tout dépend à quel rythme j’avance car cela me prend beaucoup de temps.

 

Propos recueillis par Patrice Phélipon.

 

Loire-Authion souhaite bon courage et bonne chance à Adélice Saint-Aubin pour la suite de ses projets !

 

Plus d’infos sur les livres du Prix France Inter 2021 sur le site internet du Réseau Médiathèque[S].

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